Delle, il n’existe aucune trace sur la Toile. Aucune photo, aucun détail personnel. Pas le moindre souvenir de vacances, d’activité associative ou de passion sportive. Pas un seul ami Facebook ou Copains d’avant. Officiellement, Alexandra* mène depuis vingt ans une vie monotone de fonctionnaire modèle, au gré de ses postes de « chargée de mission » dans divers ministères.
En réalité, cette femme de 44 ans à la voix très douce est l’une des pointures de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), le service secret hexagonal. Son CV, le vrai, est un périple à travers les tempêtes essuyées par la France ces quinze dernières années. Pendant presque dix ans, elle a travaillé au contre-terrorisme islamique sur l’Afghanistan, le Pakistan, le Sahel et la Syrie. Analyste, puis conseillère de l’un des patrons de la maison, elle a également passé quatre ans dans un pays du Proche-Orient – diplomate côté cour, officier traitant de la DGSE côté jardin.
Depuis son retour, Alexandra pilote un bureau ultrasensible, aux effectifs sérieusement étoffés ces derniers mois. Signe particulier : il compte 44 % de femmes, dont plusieurs mères de famille – l’une d’elles a quatre enfants. La cheffe salue leur engagement : « Elles ont envie d’être au cœur de la crise, de se sentir vraiment utiles et de sortir de leur zone de confort. » Agente et maman, c’est donc possible ? Affirmatif : « J’ai moi-même deux petits, elles le savent. Et puis, il y a aussi de jeunes pères parmi nous qui veulent s’occuper de leurs rejetons. On doit apprendre à gérer ça. » Les candidatures féminines affluent dans son unité. « Beaucoup de femmes ont envie de travailler avec elle », glisse une collègue.
L’équipe d’Alexandra détonne dans « la Boîte », le petit nom que lui donnent ses 6 000 employés, mélange de fonctionnaires (45arrondissement parisien. Loin, également, des 40 % revendiqués par les espions israéliens du Mossad.
