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FAUSSES NOTES À HOLLYWOOD

Ecrire de la musique à Hollywood au XXIe siècle, c’est un peu comme faire partie de la pègre. » L’homme qui tient ces propos est l’un des compositeurs d’une série à succès. Il a préféré rester anonyme pour parler de ses journées interminables, de ses cachets parfois ridicules et de son boss, un compositeur tyrannique qui délègue à tout-va. « Un jour, un réalisateur est venu voir où mon chef en était, raconte le musicien de l’ombre. Mon ordi venait de planter, du coup il n’avait strictement rien à lui faire écouter sur le sien... Autant vous dire qu’il a pété les plombs. » Un collègue résume la situation de celles et ceux qui travaillent mélodies, harmonies et rythmes pour les plier aux exigences du cinéma ou de la télévision : « Il n’y a ni contrat ni syndicat. Et on est totalement à la merci d’un employeur souvent sans vergogne. »

« La plus grande joie pour un compositeur, disait Henry Mancini, c’est de pouvoir vivre de ce qu’il aime vraiment : créer de la musique. » Mancini a écrit les bandes originales de La Panthère rose ou Victor Victoria. Couronné par quatre Oscars, l’Américain, mort en 1994, appartient au panthéon des compositeurs de cinéma, au même titre que Bernard Herrmann, John Williams ou, plus proche de nous, Hans Zimmer. Leur travail est une part essentielle de l’expérience cinématographique. Que serait Psychose sans les violons stridents de Bernard Herrmann ? Ou Inception sans le fameux « braam » de Hans Zimmer ? « Le cœur et l’âme d’un film résident dans sa musique », résume le réalisateur James Cameron.

Mais aujourd’hui, comment sont rémunérés ceux qui font battre ce cœur ? À l’heure du streaming triomphant, la question de l’argent est devenue problématique, y compris pour les compositeurs établis. Une part toujours plus importante de leur travail se déplace désormais vers ces grandes plateformes. Les musiciens voient leurs royalties se réduire comme peau de chagrin, et la question de la survie(rachats) : les signataires de ces contrats de travail « à la tâche », avec paiement forfaitaire, renoncent à leurs droits et se voient purement et simplement oubliés.

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