« Au creux de l’hiver, dans ma petite ferme florale parisienne, je mets la production en pause. Le sol reprend sa respiration et moi aussi. Il faut guetter le gel, bien sûr, et assister les plantes qui ont froid, (“hahakogusa”). À défaut de les trouver toutes, on forcera un peu sur l’attendrissant mouron des oiseaux, avec son nom de conte enfantin. ll aime pousser près des humains, qu’il suit partout dans le monde, quitte à s’installer dans une maigre fissure de trottoir, un pot de fleurs négligé sur un balcon ou dans les champs les plus confortables. Cette petite herbe de rien, qui apprécie tant notre compagnie, je l’aime en retour – et les oiseaux avec moi, qui se régalent de ses graines – comme d’autres aiment le sapin, le gui ou le houx. Il semble exister un petit comité exclusif de plantes d’hiver que les gens aiment inviter dans leurs foyers pour célébrer la fin et le début d’année – une invitation qui ne se reproduira plus jusqu’à l’année suivante. On taxe souvent notre époque d’être déconnectée du vivant, de notre milieu. Pourtant, dans de nombreuses cultures, ces fêtesseuils, si souvent associées au consumérisme sous nos latitudes, sont, au fond, de vieux rituels de célébration du vivant. Des rendez-vous ultimes et intimes, spectaculairement simples, entre humains et êtres de verdure. »
“J’ATTENDS AVEC TENDRESSE LE MOURON DES OISEAUX OU LA LAMPSANE, CES HERBES DE RIEN DE L’HIVER”
Jan 05, 2023
1 minute
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits