maginez une étendue de 170 km de vignes, dispersées sur les collines vosgiennes et ponctuées, çà et là, de châteaux ayant défié les siècles et de villages enchanteurs, avec leurs ruelles pavées, leurs fontaines fleuries, leurs maisons à colombages: bienvenue sur la Route des vins d’Alsace. Un périple qui court, du nord au sud, de Marlenheim (tout proche de Strasbourg) à Thann (non loin de Mulhouse), à travers quelque 300 domaines. Autant d’escales pour découvrir la diversité des crus alsaciens. Riesling, pinot gris, gewurztraminer ou siècle, qui introduisent la culture de la vigne. En hommes de terrain, aguerris par les conquêtes, ils ont très vite saisi les atouts exceptionnels de la région. Protégée des vents et de la pluie par la ligne des Vosges, l’Alsace bénéficie en effet d’un climat continental, avec des printemps cléments, des étés secs, largement ensoleillés et des automnes à la fois longs et doux. Bref, idéal pour la vigne, qu’ils plantent dans les vallées et recoins les plus chauds des contreforts vosgiens. Après la chute de l’Empire, moines et seigneurs locaux prennent le relais, donnant à la vigne un essor considérable. Au XIII siècle, ils exploitent déjà une centaine de domaines, et presque deux cents un siècle plus tard! Au Moyen Âge, les vins d'Alsace comptent ainsi parmi les plus réputés et les plus chers du royaume, s’exportant dans toute l’Europe, grâce notamment aux transports fluviaux: chargées sur des embarcations à fond plat, les barriques remontent le Rhin jusqu'à Cologne - à l’époque plaque tournante du commerce viticole - et voguent ensuite vers l'actuelle Belgique, les Pays-Bas, l’Angleterre, voire la Russie ou la Suède. Les volumes laissent rêveurs: selon les archives de Cologne, quelque 125 000 hectolitres de vins d’Alsace ont transité par son port en 1380! On comprend mieux, dès lors, la prospérité de la région, dont témoignent partout les riches demeures de négociants, avec leurs hautes façades colorées et leur architecture soignée.
