Égoïste, indépendant, imprévisible: à la fin du Moyen Âge, la réputation du chat n’est plus à faire. Contrairement au chien, il n’a décidément pas les qualités requises pour faire un bon compagnon… Mais ces traits de caractère que l’on prête aux matous des rues – et qui seront bientôt attestés par l’éthologie – sont-ils le propre de tous les greffiers? À partir du XVIe siècle, à la recherche de nouveaux animaux à exhiber dans ses salons, une partie de l’aristocratie commence à s’intéresser aux chats exotiques, qui ne ressemblent en rien aux farouches tigrés européens: angora blanc, bleu d’Espagne, chartreux, siamois, persan… Le long poil soyeux et les yeux charmeurs de ces minets venus de Méditerranée en font de parfaits animaux d’agrément. Le premier à importer en France ces chats raffinés fut l’Italien Pietro della Valle (1586-1652), poète et grand voyageur. En 1620, il annonce dans une lettre envoyée d’Ispahan (Perse) avoir vu «une très belle race de chats qui sont originaires de la province du Khorassan, d’une autre grâce et d’une autre qualité que». Puis, dès les années 1630, le riche Provençal Nicolas-Claude Fabri de Peiresc fait venir d’Asie des chats aux poils longs, qu’il ambitionne de faire se reproduire et de croiser. « », précise Valérie Chansigaud, chercheuse au laboratoire SPHERE du CNRS, autrice d’ (Delachaux et Niestlé, 2020). Point de race à proprement parler donc, mais un ensemble de qualités esthétiques très recherchées: ces élégantes bêtes s’arrachent, si bien que l’éleveur peine à satisfaire la demande. « explique Éric Baratay, historien spécialiste des animaux à l’Université Jean Moulin Lyon 3. »
Le favori des puissants
Dec 14, 2022
9 minutes
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