Alain Souchon ne le sait pas encore, mais sa réincarnation est déjà sur Terre. En la personne d’Hugo Duminil-Copin, qui a reçu le 5 juillet 2022 la prestigieuse médaille Fields, l’équivalent du prix Nobel en mathématiques : mêmes cheveux et boucles revêches, même voix un peu nasillarde, mêmes chemises à motifs pas très cintrées et le détachement apparent d’un esprit primesautier. Le compositeur chante : « Les cadors, on les retrouve aux belles places. Nickel ! » Le fort en chiffres les truste depuis tout petit avec, à l’entendre, l’air de ne pas y toucher. Les maths, une vocation ? « Moi, je voulais faire handball ! », clamet-il. Avant de s’excuser presque : « Je sais, là, j’ai plus vraiment la carrure. »
Contrairement à l’un de ses domaines de prédilection, la théorie de la percolation, le garçon aujourd’hui âgé de 37 ans a traversé de longs processus de maturation avant de trouver sa voie. Né à Châtenay-Malabry, il a passé l’essentiel de son enfance aux Ulis (Essonne), où son père était professeur de sport et sa mère, danseuse (avant de devenir institutrice). Point de « gène algébrique » direct, sauf peut-être un grand-père qui travaillait dans le domaine du froid. « Je n’ai pas spécialement été poussé vers les sciences, mes parents m’ont exposé à plein