Envoyé spécial
Kherson (Ukraine)
Les tirs d’artillerie résonnent à nouveau dans Kherson, mais Valeriy Kamahorau ne semble pas y prêter attention. « Ce n’est rien, c’est tout le temps comme ça », soupire le jeune homme de 30 ans en remontant ses lunettes aux verres épais. En ce vendredi pourtant, la ville côtière, libérée par les forces ukrainiennes, glisse à nouveau dans la guerre. Les obus des forces russes, désormais positionnées sur la rive orientale du Dniepr, répondent à ceux des Ukrainiens et s’écrasent un peu au hasard dans la ville. Sur la place de la Liberté, là où il y a quinze jours une foule enjouée fêtait la débâcle de l’ennemi, les visages sont devenus graves. « Des maisons ont été frappées tout près de chez moi, c’est trop effrayant, je ne peux pas rester », s’excuse la sexagénaire Victoria, prête à embarquer dans un bus qui doit la conduire à Odessa.
Mais Valeriy, lui, n’a pas Après avoir participé aux premières manifestations, défié les chars à mains nues, il monte une cellule avec une voisine et deux amis. Via Telegram, ils informent l’armée ukrainienne des positions de l’occupant. Et sabotent à leur manière. Encore aujourd’hui, il en parle comme de bravades d’adolescents.