Éclipsé par l’Ukraine, le conflit avec l’Azerbaïdjan reprend plus violent que jamais
À cause des milliers de morts en 2020, les femmes arméniennes se mobilisent en masse
De notre envoyée spéciale en Arménie Manon Quérouil-Bruneel
Dominé par l’imposant massif du Haut-Karabakh récemment perdu, le petit poste avancé de l’armée arménienne semble dérisoire. La pelleteuse s’acharne à terminer une route de ravitaillement avant l’arrivée des premières neiges. « Les animaux que nous affrontons ne sont pas des ours : eux n’hiberneront pas », lâche Arout, moniteur de deltaplane occupé à consolider une casemate. L’offensive éclair des 12 et 13 septembre, qui s’est soldée par 300 victimes dans les deux camps, a convaincu ce réserviste de la nécessité de reprendre les armes. Une douloureuse piqûre de rappel de la fragilité du cessez-le-feu signé en 2020 avec l’Azerbaïdjan voisin, alors que l’Arménie pleure toujours ses 3 800 morts. « Aujourd’hui, affirme Arout, il ne s’agit plus du seul Karabakh : avant que les États-Unis ne l’en dissuadent, Aliev comptait s’emparer du Syunik [une région du sud de l’Arménie ouvertement revendiquée par le dictateur azéri]. »
Aussi précieux que soudain, le soutien américain évoque surtout un pied de nez au