’année dernière, à peu près à la même époque, j’ai rencontré des personnes qui n’avaient jamais entendu parler de Ça se passait dans une école d’apprentissage, où je réalisais une enquête sur la condition juvénile en France. Je m’étais retrouvé à déjeuner avec les deux dames de la cantine qui avaient fini leur service. Je ne sais pas comment la discussion s’est portée sur l’art, la littérature, je les ai vues se raidir. Elles ne l’avaient pas lue et n’en avaient même jamais entendu parler. Je venais de jeter un froid. Difficile de savoir si elles étaient gênées par leur ignorance face à l’écrivain parisien, si le mot arabe leur inspirait de l’appréhension, de la méfiance, ou si c’était le futur qui leur faisait carrément peur, mais après avoir tenté de résumer le sujet, j’ai senti que mes efforts pour les inciter à découvrir ce chef-d’oeuvre du neuvième art seraient vains. J’ai préféré ne pas insister. Ainsi, parmi les milliers d’infos recueillies dans cette école, je réalisais que les centaines de milliers d’exemplaires vendus de la série culte n’avaient pas ruisselé très profond dans le territoire national. Victime de mon incurable ethnocentrisme, j’avais cru pouvoir engager la conversation sur un sujet fédérateur et consensuel qui, en réalité, ne fédérait qu’une certaine catégorie d’individus, dont j’étais, et dont ne faisaient pas partie les cantinières de Sainte-Foy-l’Argentière, qui représentent malgré tout la grande majorité des gens.
Success Arab story
Nov 23, 2022
2 minutes
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