Au Monopoly, le joueur qui parvient à bâtir un hôtel rue de la Paix, l’adresse la plus chère de la capitale, est bien placé pour remporter la partie. Dans la vraie vie aussi. À la toute fin du XIXe siècle, Alfred Cartier rachète l’hôtel Westminster, au numéro 13 de cette large artère qui relie la place Vendôme à l’opéra Garnier, afin d’y déménager l’affaire de joaillerie créée par son père, Louis-François. Le quartier est alors en plein boom. Un palace, le Ritz, vient d’y ouvrir ses portes, les grands couturiers se battent pour y dénicher un bail, les nouveaux riches, les aristocrates français russes, américains, qu’ils s’appellent grande-duchesse Vladimir ou John Pierpont (alias JP) Morgan, s’y précipitent pour leurs emplettes de diadèmes qui scintilleront ensuite dans les loges du nouvel opéra. Et Pissaro y pose son chevalet pour peindre les élégantes déambulant dans l’avenue du même nom.
Douze décennies plus tard, la tenue des badauds est nettement plus débraillée mais les prestigieux joailliers sont toujours là, opulents et florissants. Dont Cartier, qui vient d’inaugurer les 3 000 mde son nouveau « 13, rue