Simon n’en revenait pas :
– Les gens sont d’un sans-gêne ! dit-il en avisant la voiture garée sur le trottoir.
– Elle était déjà là hier soir, fit remarquer Ethan, son fils de 10 ans.
– Oui, je sais…, reconnut Simon, se souvenant du billet qu’il avait glissé sous l’essuie-glace, expliquant les désagréments qu’entraînait pour lui et son fils cette infraction. Contraint de contourner l’obstacle, Simon fit basculer le fauteuil roulant de son fils sur le macadam. Ils parcoururent les derniers mètres qui les séparaient du portail de la maison en faisant rouler le fauteuil sur la route.
En quittant la ville pour venir habiter dans ce petit village de 800 habitants, Simon avait espéré y trouver non seulement un cadre de vie harmonieux mais aussi une plus grande solidarité.
Simon avait hâte qu’Ethan reprenne le chemin de l’école après cette semaine de vacances qui lui avait permis de prendre ses marques dans sa nouvelle vie. Une vie qui l’avait bien malmenée depuis son accident survenu deux ans plus tôt.
Un soir d’automne, alors qu’il roulait à bicyclette, une voiture l’avait percuté. Le chauffeur, un septuagénaire, avait accusé l’enfant de rouler sans phare. A quoi bon revenir sur les torts des uns et des autres ? se demandait Simon. Ce dont en revanche il se souviendrait, c’est le courage impressionnant dont avait fait preuve son fils. Après avoir dû affronter la disparition de sa mère alors qu’elle tentait l’ascension d’un sommet difficile, la vie lui envoyait cette nouvelle épreuve. Le courage était-il héréditaire ? Simon se plaisait à penser que si tel était le cas, nul doute qu’Ethan en avait hérité de sa mère.
– Tu m’aideras à faire mon cartable pour demain ? demanda Ethan, en levant un menton volontaire vers son père.
– Bien sûr ! répondit Simon, qui s’accrocha au sourire de son fils pour chasser les mauvais