Sven-Eric Bechtolf avait déjà abordé Falstaff à Zurich (DVD CMajor, 2012). Il y revient une décennie plus tard à Florence, dans une veine beaucoup plus traditionnelle: amateurs de relectures radicales, passez votre chemin! Pourtant, l’esprit du théâtre shakespearien est bien là, grâce à un jeu scénique très naturel, des décors en bois inventifs et stylisés que soulignent de subtiles lumières, et des costumes d’époque aussi colorés que raffinés.
Vivante, précise, la direction d’acteurs ne laisse rien au hasard. Elle met en valeur une équipe sans faille, que domine de sa présence un Nicola Alaimo expressif en diable. Préférant le naturel aux excès du registre bouffe, il dessine un Falstaff humain, attachant, et savoure avec délectation chaque mot de Boito, tout en faisant preuve d’un bel art du phrasé.
De son côté, Simone Piazzola déploie en Ford l’élégance, l’énergie et la puissance d’un grand baryton Verdi tandis que Matthew Swensen offre à son Fenton un timbre chaleureux et un legato soigné. Cajus et les deux serviteurs bénéficient d’une même verve scénique et vocale.
Atout orchestre
Le groupe des commères, bien équilibré et joyeux à souhait, est porté par la sémillante Alice d’Ailyn Pérez, le mezzo chaleureux de Caterina Piva, la truculente Miss Quickly de Sara Mingardo, sans oublier la fraîche Nannetta de Francesca Boncompagni, un peu avare en vibrato.
Le principal atout de ce spectacle reste toutefois la direction musicale de John Eliot Gardiner, encore plus fulgurant et affûté que dans son enregistrement audio (Philips, 1998). L’orchestre, qui connaît son Verdi sur le bout des ongles, frissonne d’enthousiasme, d’énergie, souligne tous les détails et subtilités de la partition, pour porter au sommet une