Neil Young with Crazy Horse
World Record
REPRISE/WARNER
★★★★
a commence par une sorte de ballade avec des chœurs, chaloupée par un piano, “Love Earth”, un peu dans l’esprit de . En apparence, rien ne change. Le “Loner” et son Crazy Horse nous dans les 90’s, dépasse de loin ce qu’on pouvait espérer lorsqu’ont filtré les premières rumeurs de leur collaboration. Comme si les deux hommes, à force de s’observer de loin depuis des années, avaient fini par s’apprivoiser. C’est peut-être ça, au fond, qui manquait aux derniers opus de Neil Young, aussi bons soient-ils: un vrai (co)producteur capable de canaliser sa formidable énergie, son étonnante verve créatrice. La griffe de Rubin imprègne indiciblement chaque titre de ce fascinant de bout en bout. L’homme n’a pas son pareil pour créer une atmosphère qui n’appartient qu’à lui, tout en laissant les musiciens jouer dans les conditions du live. C’est ce qu’il avait superbement réussi à faire lors de ses collaborations avec le regretté Tom Petty, l’album en tête. Et c’est très exactement ce qui se passe sur les nouvelles chansons de Young, à l’image de “Walkin’ on the Road (To the Future)” : “” chante-t-il sur cette ballade boisée baignée par la lumière crépusculaire d’un harmonium, entre guitares acoustiques et harmonica. Le voyage à travers le passé ne fait que commencer, même si les thèmes de ses morceaux (sa gratitude envers la Terre, l’état du monde, l’avenir incertain…) sont, eux, bien actuels. Aux studios Shangri-La, l’antre de Rubin, sis à Malibu, le Crazy Horse donne le meilleur de lui-même, particulièrement Nils Lofgren, dont la guitare croise magnifiquement le fer avec celle de Young. La voix de notre héros n’est plus aussi haute, ni aussi puissante que par le passé ? Qu’importe. Rubin capture tout ça avec jubilation. Le Loner vieillit bien. On ne lui en demande pas plus. Entre guitares saturées (“I Walk with You [Earth Ringtone]”, “Break the Chain”, “Chevrolet”) et valse sépulcrale (“The Long Day Before”), la production au cordeau met en valeur des chansons dont on croit connaître la trame par cœur, mais qui parviennent toujours à nous séduire d’un trait de slide guitar ou d’accordéon. À quand le volume 2 ?