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Le rôle de sa vie

Le cinéma a ses plaisirs secrets. Verser une larme à l’abri des regards, dans l’anonymat d’une salle obscure,
par exemple. Au mois de juin, dans les sous-sols de l’immeuble Warner Bros, à Neuilly-sur-Seine, les yeux étaient humides quand les lumières se sont rallumées à l’issue de la projection de Simone : le voyage du siècle, le film-fleuve d’Olivier Dahan – 2 h 20 – consacré à la vie de la femme politique française la plus emblématique de la deuxième moitié du XXe siècle (et la seule entrée au Panthéon) : Simone Veil.

« Ah bon, les gens ont vraiment pleuré ? » s’enquiert Elsa Zylberstein, quelques jours après, au restaurant du Meurice. Il est trop tôt pour déjeuner et, avec ses longs cheveux, son regard direct et sa peau diaphane, on ne voit presque qu’elle sous les ors du palace parisien. À la traque, toujours inquiète du succès espéré, ces larmes-là sont un bon signe. Il faut dire que l’actrice n’est pas seulement la tête d’affiche du film, mais aussi celle qui a imaginé cette odyssée courant sur plus de soixante-dix ans, des années niçoises de la famille Jacob à la présidence du Parlement européen, de l’enfer d’Auschwitz aux responsabilités d’État, du désagrègement de l’ex-Yougoslavie à l’appartement parisien de la place Vauban. Si la première partie de la vie est incarnée à merveille par la comédienne Rebecca Marder, Elsa Zylberstein, transformée comme jamais, reprend le fil des années 1960 jusqu’au grand âge. Une fresque ? En tout cas, pas un biopic. « C’est un mot que je n’aime pas, les bonnes biographies se suffisent àc’est un film qui est aussi politique dans son corps. C’est un portrait qui dit également ma colère sur le monde d’aujourd’hui. C’est une fusée à plusieurs étages, dont l’essentiel est sur la transmission. »

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