Dans le regard de Schütz s’attarde l’ombre d’une mélancolie. Trois portraits montrent un homme que son intériorité fait paraître distant, austère, presque sévère. Au miroir de ses écrits, un caractère fier, tenace, préoccupé aussi par le quotidien des musiciens dont il eut la charge. Plus divers qu’on l’imagine, sa foi invincible lui donna la force de traverser les tourments de son existence et de son siècle.
Il aura fallu un coup de pouce appuyé de la providence pour que s’élance la carrière de celui qu’Elias Nathusius désignait, en 1657, « père de notre musique moderne ». Tout commence comme un conte. L’auberge « A l’anneau d’or » se trouve à Weissenfels, sur la route de Dresde. Son propriétaire, Christoph pour y faire ses humanités; il s’y frotte également au théâtre et à l’italien, deux matières qui lui seront utiles. La musique reste omniprésente, sans toutefois prendre l’ascendant; en 1608, Schütz s’inscrit à l’université protestante de Marburg pour faire son droit.