LES CONDITIONS DE L’ÉCOUTE
Plutôt, devrait-on dire, les conditions d’une bonne écoute. Tout d’abord, soigner le placement des enceintes dans la pièce. Une évidence? Vos enceintes sont-elles équidistantes de votre zone d’écoute? Sont-elles suffisamment dégagées des murs latéraux et arrière afin d’éviter les réflexions multiples qui entachent la perception d’un espace sonore cohérent? Ne sont-elles pas trop écartées? Si ce chanteur lyrique évoque une vedette de hard rock sur fond de réverbération, cela signifie sans doute qu’il est défocalisé; vous aurez beau pincer vos enceintes, il s’est formé un trou au centre. Dans notre auditorium d’environ 6 mètres de large et 8 mètres de profondeur, les Focal Spectral 40th sont placées à 1,50 mètres du mur arrière et au tiers de la largeur, c’est-à-dire à 2 mètres des murs latéraux avec un espace de 2 mètres entre elles; nous écoutons à 6 mètres du mur arrière. Autre chose, elles ne sont pas pincées, mais alignées sur un même plan vertical. Cette manière d’écouter, basée sur celle du cinéma, crée une image parfaitement homogène sans trou central (au cinéma, il y a une troisième enceinte au centre), avec un minimum de réflexions parasites. Il faut bien cela pour juger sereinement la musicalité des amplis qui nous sont confiés. Sans oublier l’essentiel: le calme.
Nos extraits tests
Cinq extraits musicaux sont cités dans ces pages, choisis pour recouper des critères tels que vérité des timbres, étendue du spectre, dynamique, scène sonore…
A. Darf ich… d’Arvo Pärt, avec le magnifique violon de Victoria Mullova. Estonian National Symphony Orchestra, Paavo Järvi. Onyx Classics, Diapason d’or.
B. « Pur ti miro! », Le Couronnement de Poppée de Claudio Monteverdi. Nardus Williams (soprano), Kate Lindsey (mezzo-soprano), Ensemble Arcangelo, Jonathan Cohen. Alpha Classics.
C. Une grande rivière de Wang-Hua Chu par la pianiste franco-chinoise Bin Wang. Bayard Musique.
D. Mar’Eh pour violon et orchestre. Ensemble Intercontemporain, Matthias Pintscher. Alpha Classics.
E. La Valse M72 de Maurice Ravel dans un bel enregistrement de 2021 (24 Bits/96 kHz, CD/SACD) en l’église Saint Augustine de Londres. Sinfonia of London, John Wilson. Chandos.
PRO-JECT MAIA S3
Après le format Midi et le format Mini, voici le format Micro que l’on doit au viennois Pro-Ject, avec un intégré au boîtier aluminium moins volumineux qu’une ramette de papier A4. Dans le boîtier du MaiA S3 prennent place une section préampli/ampli de 2x23W sous 8 Ω, 2x40W sous 4 Ω, avec trois entrées ligne et un étage phono MM, une sortie préampli pour attaquer par exemple un caisson de basses, mais aussi trois entrées numériques S/PDIF coax et Toslink, et un récepteur Bluetooth 5.0 aptX. Quoi d’autre? La puce de conversion du DAC est une CS4344 24 Bits/192 kHz de Cirrus Logic et celle d’amplification en classe D provient de chez Texas Instruments. On trouve encore une sortie casque en jack 6,35 capable de 2x75 mW sous 32 Ω. Pour gagner du volume et réduire le bruit, l’alimentation 20 V continu est déportée, pas le potentiomètre de volume, motorisé. Futé.
L’écoute
Première surprise, ce diable de petit ampli ne rechigne pas à alimenter nos lourdes colonnes Focal Spectral 40th dotées, il est vrai, d’un rendement de 91 dB. Sur Darf ich… d’Arvo Pärt (extrait A), il fait preuve d’allant et de densité, délivre un son typé chaud où domine le bas-médium, rendant l’écoute suave, sans une once d’agressivité. Seconde surprise, le DAC interne, équilibré et cohérent à défaut d’être ultra défini, en ligne avec la section amplificatrice. On note bien, à l’écoute des deux divas de Poppée (extrait B), une moindre aération qu’à partir de notre DAC externe, mais le tout reste convaincant. Sans doute un avantage de l’alimentation déportée au bénéfice du bruit. Sur une pièce Mar’Eh Diapason d’or, cf.
