Sa voix, grave et rocailleuse, résonne dans l’amphithéâtre à ciel ouvert, situé dans un ancien site industriel, vestige du temps où la Sicile alimentait le monde en soufre. Giorgia Meloni se trouve à Catane, ce lundi 29 août, face au soleil de fin de journée et aux électeurs de cette étrange ville, moderne et antique, vivante et abandonnée. Vêtue d’une chemise sans manches et cheveux tressés, la candidate aux élections générales déambule, sans notes et loin du pupitre, pour exposer son projet pour l’Italie. Un mélange d’âpreté et de charisme se dégage de cette petite blonde de 45 ans, qui hurle dans son micro. Le 25 septembre, la présidente de Fratelli d’Italia (Fdl) pourrait arriver en tête du scrutin, et être appelée à gouverner la péninsule.
Deux mille admirateurs ont affronté la chaleur pour venir l’écouter. Chacun, à sa manière, explique les raisons de la récente percée de leur championne. Marco Celano et Giuliana Vergata ont la vingtaine ; ils rentrent de voyage de noces et voteront Meloni (« Elle ne change pas d’idées, quand beaucoup oscillent »). Nino Scarantino, 66 ans, renonce pour la première fois au centre droit de Silvio Berlusconi (« Giorgia aussi, c’est la droite modérée »). Quant à Rovella Santa, jeune retraitée de 61 ans, elle fait partie des déçus de Matteo Salvini, concurrent de Meloni au sein de l’extrême droite, dont la formation participait au gouvernement d’union nationale (« Il a espéré peser en rentrant dans la coalition, mais en fin de compte, il n’a pas eu beaucoup d’influence »). A l’heure où nous écrivons ces lignes, la coalition de droite possède 19 points d’avance sur celle de centre gauche dans les sondages. Et, à l’intérieur de l’alliance qui lie Giorgia Meloni, Matteo Salvini (Lega) et le centre droit berlusconien (Forza Italia), la première pèse plus que ses deux alliés réunis, avec environ 25 % des intentions de vote.
Elle cherche à rassurer les électeurs, le monde économique et