SEMPÉ AU PARADIS DES POÈTES
Du Petit Nicolas à ses couvertures du « New Yorker », le dessinateur réenchantait le monde. À 89 ans, il a rejoint son compère Goscinny
Cinquante-quatre ans entre ces deux photos : il a croqué sans relâche une humanité si vulnérable
Il a saisi avec humour l’agitation de notre journal
René Goscinny a changé sa vie : « C’était mon meilleur ami. » Sa mort le laissera inconsolable
ntre l’optimiste désenchanté et le pessimiste facétieux qui cohabitaient en lui, l’harmonie était magique. Ce panachage de spleen et d’émerveillement, de causticité bienveillante et de candeur désabusée faisait l’originalité de son génie. Aucune amertume dans ses dessins. La générosité, l’humour et la poésie le motivaient seuls. « Il m’est arrivé par moments de devenir raisonnable, disait-il, mais jamais adulte. » Toute sa vie, Jean-Jacques Sempé a semblé poursuivre un but quasi unique, toujours plus inaccessible à mesure qu’il s’en rapprochait : renouer avec l’innocence d’une enfance qui lui avait été volée mais dont il gardait, en s’en irritant parfois, une paradoxale nostalgie. Il n’y avait ni indulgence ni cruauté dans le regard qu’il portait sur le monde, juste un étonnement à tout jamais enfantin. « Je trouve ça très con, cette idée de l’enfance et de l’innocence éternelles », n’en maugréait-il pas moins, soucieux de se préserver de toute sensiblerie convenue. « La vérité, ajoutait-il comme il eût fait un aveu, c’est qu’on ne se remet jamais de son enfance. On bricole un peu. On essaie d’arranger les choses, d’enjoliver ses souvenirs, mais
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