Protégez-nous des pères
ur la terrasse de l’appartement de Nicolas, en pleine canicule, une coupe de champagne à la main, tandis que Dora se faisait masser les pieds par Nicolas à l’intérieur climatisé, Juliette et moi nous demandions pourquoi le cinéma iranien était si bon et le cinéma français si mauvais. Nous n’avons pas mis longtemps à trouver. Il ne se passe rien, en France. D’un point de vue civilisationnel, la France est une et elle a préféré éviter le sujet. Nous avions tous les deux admiré et adoré de Saeed Roustaee. Elle avait vu le film du même Roustaee, à Cannes où il a obtenu le Prix de la critique internationale. Je ne me souviens plus comment je lui ai posé la question de savoir si c’était aussi bien, moins bien, pareil… Mais après l’avoir vu, je reconstitue le caractère sibyllin de sa réponse. C’était certainement par souci de ne pas m’influencer, dans un sens comme dans l’autre. L’air chaud s’était engouffré dans l’espace qui nous séparait. Sortant de ce bref instant d’étouffement, elle avait quand même lâché, tout en prenant soin d’éviter tout accent critique : « C’est long ». Le fait est que 2 h 45, c’est long. Jamais la phrase de Pascal (« Je n’ai fait celle-ci plus longue que parce que je n’ai pas eu le loisir de la faire plus courte. ») n’aura aussi bien convenu à un film affligé de ce handicap. En ce sens qu’on supporte très bien la prolixité de Pascal parce que c’est Pascal, et celle de Roustaee parce que c’est Roustaee.
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