L’amant et le diamant

Depuis qu’elles étaient amies, Carole et Justine partageaient au moins un repas par semaine.

Elles déjeunaient dans une brasserie chaque mercredi. Souvent, Carole recevait Justine chez elle le samedi soir, pour un dîner en présence de leurs maris. Entre ces deux femmes, l’amitié n’était pas née d’un brusque élan de complicité, ni même d’une longue admiration réciproque, non. Elles avaient estimé utile de se comporter en meilleures amies du monde, pour pouvoir s’appuyer l’une sur l’autre et ainsi se sentir plus fortes dans le milieu du spectacle où elles évoluaient toutes deux et où les carrières se bâtissent sur les relations bien davantage que sur le talent ou la chance.

Actrice, Carole avait tenu de nombreux petits rôles au cinéma, avant d’arriver à se faire connaître en jouant dans une série télévisée diffusée chaque soir depuis sept ans.

Justine était maquilleuse. Elle n’avait donc aucune chance de devenir célèbre, et ne le regrettait pas. Elle aimait que les actrices se montrent à elle en toute sincérité et lui confient les défauts de leur visage ou leurs complexes. Elle les écoutait, puis veillait à dissimuler les poches sous les yeux qu’une vedette estimait disgracieuses, ou le grain de beauté dont une starlette disait que c’était à cause de lui qu’elle ratait sa carrière…

Elle recevait les comédiennes dans une loge où il n’y avait aucune glace, pour mieux les écouter se confier, puis elle élaborait son maquillage en fonction de ce qu’elles avaient dit.

Une fois sa mission accomplie, elle leur tendait le miroir tant désiré, elle était heureuse de les voir sourire et s’épanouir devant le résultat obtenu.

Un matin, une célèbre présentatrice de météo s’était exclamée :

– Sans vous, je n’aurais pas eu le même succès ! C’était là un des plus beaux souvenirs professionnels de Justine. Carole savait que Justine était très appréciée sur les plateaux de cinéma et