“COMMENT VA MICHAEL ANTHONY?” C’est la première chose que je dis à Eddie Van Halen, guitariste légendaire du groupe de rock dont il copartage le nom, Van Halen. Ou plutôt, c’est ce que je dis à quelqu’un qui pourrait être, mais n’est sûrement pas Eddie Van Halen. Il est impossible que son adresse mail soit disponible dans une base de données publique. Autrement dit, ça ne peut pas être lui, et c’est pourquoi le premier mail que j’envoie est stupide et bâclé. Ceux qui connaissent l’histoire du groupe savent qu’Anthony – le bassiste d’origine – n’a pas été renvoyé, mais remplacé en 2006 par Wolfgang, le fils d’Eddie, sans en être informé. Ma première phrase est donc ce qu’un fan du Van Halen traditionnel peut brandir sur une pancarte à un concert pour troller le remplaçant d’Anthony. Dans une vie antérieure, j’ai été journaliste musical et rédacteur pour le site de Rolling Stone. J’ai interviewé tout le monde, d’Ozzy Osbourne à Diddy. Mais nous sommes en 2015 et cela fait plus d’une décennie que j’ai quitté mon job de rêve pour faire des études de marché.
ENVOYER CE GENRE DE MAILS est une sorte de passe-temps quand j’ai du mal à supporter la pénibilité de mon travail. J’ai découvert il y a peu qu’une vieille connexion à LexisNexis – annuaire utilisé par les avocats et journalistes – n’a pas été désactivée. Après l’avoir utilisée pour retrouver deux ex, je me tourne vers les rockstars. Pour rire, je contacte ce que Nexis m’assure être Gene Simmons, Eddie Vedder, Stevie Nicks et à peu près tous les membres originaux de Guns N’ Roses. Sans réponse.
J’envoie ce fameux mail vers 17 heures, le dimanche 31 mai 2015, sans trop y croire. Mais quinze minutes plus tard: “Vous avez un message!” Cette réponse est le début de cinq ans d’une correspondance qui va changer ma vie.
JE DÉCOUVRE la réponse le lundi matin au travail. Je tremble un peu.
“Pas aussi bien que