APRÈS MINUIT AVEC Gaël Faye
On pense à cette phrase de Kafka en échangeant avec Gaël Faye par une nuit étouffante. La rencontre a lieu à minuit trente au Havanita, un bar « dansant» de la rue de Lappe, à un jet de pierre de la place de la Bastille, à Paris. Une artère étroite qui pourrait avoir toutes ses chances au championnat du monde de la rue de la soif tant il est difficile d’avancer au milieu d’une foule gaie et sonore. Mais voici que le silence, ce silence auquel tient tant le chanteur et écrivain, s’installe dans le petit salon fumeurs qui nous a été dévolu. Gaël Faye case comme il son histoire et celle du Rwanda, pour moitié le sien, qui connut l’horreur absolue. : 1,2 million d’exemplaires vendus en France. Trente-huit traductions. ou la preuve qu’avec des mots simples, vrais et poétiques, le particulier peut devenir universel, comme si la douleur d’un peuple, et celle d’un adolescent confronté au mal absolu du génocide, résonnait d’une manière assourdissante chez les épargnés d’un pays, le nôtre, où il ne fait pas si mal vivre, comme tient à le souligner cet adepte des paroles calmes. Avec quelques bémols, comme exprimés dans l’un des cinq morceaux à la mélancolie scintillante de son nouvel EP: Exfiltré à 13 ans à Versailles lors du cataclysme sanguinaire qui toucha aussi le Burundi, ce pays où il grandit après que sa grand-mère a fui le Rwanda voisin, l’ado se frotte aux aux « aux « et aux « La délivrance qui fait ressentir à cet enfant des deux rives le manque du parfum natal et du bruissement des feuilles de jacarandas, ces arbres à la munificence mauve qui donnent le titre au nouvel album.
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