Un Eloge de l’oisiveté percuté par le modèle capitalistique
’est un rêve auquel nos sociétés industrialisées n’ont jamais renoncé : travailler moins pour vivre mieux. Dans son (1932), le philosophe et mathématicien britannique Bertrand Russell vilipendait le « dogme du travail », hérité d’un temps où les plus pauvres devaient travailler de longues heures pour subvenir à leurs besoins primaires, tandis que les riches propriétaires fonciers jouissaient, oisifs, du fruit du labeur des premiers. Selon lui, la voie du bonheur et de la prospérité devait passer par une diminution du temps d’activité professionnelle. Or, écrivait-il, « la technique moderne a permis de diminuer considérablement la somme de travail requise pour procurer à chacun les choses indispensables à la vie ». Ajoutant que « si le salarié ordinaire travaillait quatre heures par jour, il y aurait assez de tout pour tout le monde, et pas de chômage ». De cette façon, il serait possible de répartir équitablement le loisir – au, souvent traduit par « loisir studieux ». Nous sommes au début du xx siècle. Russell concède que dans certains cas, la baisse radicale du temps de travail devra attendre : par exemple en Russie, où le développement économique qui s’annonce nécessitera « un travail acharné ». « Mais que se passera-t-il lorsque l’on aura atteint le point où il serait possible que tout le monde vive à l’aise sans trop travailler ? »
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