LE CHIFFRE DE L’INFINI
e vaste mouvement de republication des œuvres de Roberto Bolaño, aux éditions de l’Olivier et dans la collection de poche « Points », nous, roman total et néanmoins inachevé de plus de mille pages, paru un an après la mort de l’auteur. C’est peu dire que ce texte défie la mesure: ses cinq parties (autant dire cinq romans) font le grand écart entre l’Europe, au début du XX siècle, et les féminicides contemporains au Mexique. Au centre, le mythique écrivain allemand Archimboldi… Une bande de critiques de tous pays le traque en première partie, ce qui les mène à Santa Teresa, cité industrielle du Mexique où l’on assassine les ouvrières des maquiladoras. Là vit un autre critique, Fate, héros de la troisième partie, flanqué d’une épouse perturbée et d’une fille trop jolie pour qu’il ne s’inquiète pas pour elles. Un journaliste afro-américain passe à Santa Teresa et s’éprend de ladite fille. Suit le gros morceau: une succession de scènes de crime dont toutes les victimes sont des femmes, qui débouchent sur des récits, eux-mêmes reliés à d’autres crimes. Puis le roman final, qui montre qu’un écrivain peut en cacher un autre (qui luimême peut en cacher un autre…). Tout cela est porté par une narration torrentielle, qui se ramifie en dizaines d’affluents sans perdre sa direction première! Bolaño est mort en 2003, mais son prodigieux roman a fait des petits: , de l’Argentine Mariana Enriquez, repose sur une structure très semblable…
