Salut l’épicière !
La petite fille demandait de façon fréquente :
– Maman ! Maman ! Raconte-moi encore comment tu as rencontré papa! Et comment tu es tombée amoureuse !
– Oh ! Mais tu as déjà entendu cette histoire des centaines de fois !
– Oui, je sais. Mais je l’aime trop, elle est tellement belle ! s’enthousiasma la fillette de 10 ans. C’est si romantique… Allez ! Raconte-moi encore, s’il te plaît.
Anaïs ne pouvait rien refuser à Amandine.
C’était le 7 juin 1991, à Belfort. Un orage s’était abattu sur la ville, de façon soudaine. Il y avait même de la grêle. Anaïs était à l’abri dans son commerce : une épicerie. Elle n’avait que 20 ans et pourtant, elle dirigeait sa petite affaire d’une main experte. Cela faisait huit mois qu’elle tenait la supérette d’un grand groupe de magasins alimentaires. La chaîne de magasins « Black Jack » était connue dans tout le pays. Bien souvent, c’étaient des couples qui tenaient les supermarchés et hypermarchés de la marque. Anaïs, elle, avait pu avoir la petite supérette pour elle seule. Elle avait suivi une formation au magasin école, à Saint-Etienne, au siège social de la société. Elle était avec un couple, Sophie et son mari Jean-Luc. Ils arrivaient de Toulouse. Tout comme les formateurs, Annie et Marc, ils abordaient fièrement la trentaine. A côté, Anaïs semblait toute jeune et frêle parmi eux. Surtout auprès des commerçants formateurs, déjà aguerris aux méthodes, parfois peu scrupuleuses, de vente et de marketing agressif. Mais Sophie était bien plus naïve que ne l’était Anaïs : quand elle remplissait le cahier des commandes à passer, elle indiquait « cagette Eiffel » comme la tour Eiffel. Tous pouffaient de rire. Marc avait osé la corriger, après quelques jours :
– C’est une cagette FL comme « Fruits et Légumes » !
– Ah ?
Sophie était devenue écarlate de honte :
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