C’est une rencontre au sommet. D’un côté se trouve le plus emblématique des virus épidémiques, catégorie “maladies respiratoires” : le virus de la grippe. De l’autre, le nouveau venu, qui, après avoir secoué la planète depuis l’hiver 2019, est destiné à devenir endémique, soit à revenir tous les ans entre l’automne et l’hiver. Le SARS-CoV-2, virus de la famille des coronavirus responsable du Covid-19, va jouer des coudes avec la grippe et les autres maladies respiratoires pour une place dans le très chargé calendrier épidémique. Ce qui pose une multitude de questions. Comment va se dérouler cette cohabitation forcée ? Les virus occuperont-ils des niches temporelles distinctes ? Ou, au contraire, observera-t-on des pics simultanés, ce que les anglophones appellent déjà des “twindemics”? L’infection par l’un protégera-t-elle contre les autres, ou nous rendra-t-elle à l’inverse plus vulnérable ?
Disons-le tout, en anglais) avec le SARS-CoV-2, a certes beaucoup agité les médias et les réseaux sociaux, mais il ne désignait finalement que des cas de co-infection, à la fois à la grippe et au SARS-CoV-2, et non à un nouveau virus issu des deux. Ce qui est déjà un enseignement : les deux peuvent cohabiter dans un même organisme. Le phénomène est rare : une étude publiée par l’équipe de Julia Stowe, du Public Health England, a montré que sur 19 256 individus testés à la fois pour la grippe et le Covid dans les premiers mois de la pandémie en Europe, 58 étaient co-infectés par les deux, à peine 0,3 %. Ces co-infections ont disparu à partir du printemps 2020, pour ne réapparaître qu’à l’hiver 2021-2022.