La possibilité d’une presqu’île, Nue propriété de Lisa Vignoli
ne maison de vacances, quand on a la chance d’en avoir une, ça concentre en ses murs de puissantes madeleines, et romancière, raconte délicieusement, sous les traits de Louise, son double autofictionnel, comment la demeure où elle a grandi par épisodes l’a forgée, enorgueillie, combien elle lui pèse aussi (jouir d’un pied-à-terre sur ça vous catalogue vite fait), et comment, quand il faut se séparer du bien car on n’a plus les moyens de sa splendeur, les émotions cascadent. On pourrait se dire « problèmes de riches», « spleen de luxe», mais le roman va bien au-delà de la simple déploration d’un paradis perdu. Il y a des pages savoureuses, auto-ironiques, où l’autrice questionne son statut d’héritière désargentée, le sentiment de déclassement qui l’habite, tout en convoquant, fantômes encombrants, ces Vadim, Maupassant ou Signac à cause desquels cette propriété, nue ou pas, s’avère beaucoup trop désirable.
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