Les belles natures de Peter Lindbergh
de la planète pendant plus de quarante ans. Il les a enveloppées d’un voile de réglisse, il a emmêlé leur chevelure, posé une cendre sur Aux blondes nordiques et réfrigérantes, il a préféré la brindille anglaise, le brûlot jamaïcain, la flamme péruvienne. Il a propulsé sur la scène internationale une nouvelle génération de modèles nommés Esther Cañadas, Kirsten Owen, Marie-Sophie Wilson, Naomi Campbell, Natalia Semanova, Stella Tennant, présentées sans fard, sans artifice. En refusant les facilités de la retouche, en réfutant les diktats de l’éternelle jeunesse, Peter Lindbergh a renouvelé à la fois les canons de la photo de mode et ceux de la beauté féminine. L’exposition qui lui est consacrée au Pavillon populaire, presque trois ans après sa disparition, met généreusement en lumière son œuvre à travers plus d’une centaine de photos et trois de ses films. Elle célèbre aussi l’homme derrière l’appareil photo, réunit des images de lui « au travail », revient sur ses collaborations avec les amis Pina Bausch, Wim Wenders ou Jeanne Moreau, laisse place à ses mots, accrochés aux cimaises, et à ses questionnements dans un passionnant documentaire. L’exposition capte ainsi une forme de vérité nue, celle du photographe tout autant que celle de ses modèles.
