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LUÀNA BAJRAMI

aire un film à 18 ans. Même Xavier Dolan n’était pas aussi précoce quand il a tourné Mais Luàna Bajrami n’a pas peur des challenges. Son film, elle l’a dans le ventre depuis longtemps. De à en passant par sur les plateaux de cinéma, l’actriceenfant voit tout, sent tout. “Tu as envie d’autre pour lequel elle sera nommée au César du Meilleur espoir féminin. C’est le coup de boost qu’elle attendait. Entre deux scènes, elle écrit la première version du scénario de Le point de départ? Le village de son enfance, au Kosovo, là où elle rêvait devant les films de Marion Cotillard et écrivait des histoires sur des bouts de papier. En équilibre entre modernité et tradition, ce pays en perpétuelle reconstruction la façonne et l’inspire. “Toutes les émotions que je transmets à l’écran, elles sont nées là-bas. Ma double culture est une force.” C’est ici qu’elle posa sa caméra, dans ce village isolé des Balkans où les filles refont le monde, perchées sur les collines. Trouvées lors d’un casting sauvage, ses trois héroïnes, sublimes, rêvent d’ailleurs, en attendant une réponse de l’université qui pourrait tout changer. “Je voulais filmer cette jeunesse en quête d’horizon et d’identité, à laquelle je m’identifiais. J’avais envie de capturer une émotion, une vision, dans mes yeux de jeune fille de 18 ans.” Comme ses personnages, Luàna veut, elle aussi, se libérer des carcans. Son indépendance passera par la réalisation. Elle veut s’imposer dans le paysage cinématographique kosovar. “Quand j’ai débarqué là-bas à peine majeure, avec mon 1m50, on m’a dit: “Jamais je ne mettrai une équipe sous tes ordres.” Je n’avais pas du tout ma place dans ce milieu très masculin… mais j’avais les épaules!” Elle monte sa boîte de production avec une associée tout aussi transportée, mais doute encore. “Une semaine avant le tournage, je ne savais pas si ça allait être faisable!” Elle s’accroche, grisée par les liens qu’elle tisse avec son équipe. “On a vécu le tournage au rythme de l’histoire qu’on racontait. Quand les filles prennent leur envol, on a tous ressenti cela aussi, une inspiration soudaine.” Une respiration qu’elle insuffle au cinéma kosovar, habitué aux films qui décrivent les conséquences de la guerre. “Je crois que mon film a fait du bien aux jeunes Kosovars. Le bouche-à-oreille a été incroyable, les salles étaient surchargées. Je pense qu’ils ont besoin de beau et ma démarche a donné envie à toute une génération de faire du cinéma.” Rien ne l’arrête désormais. La liberté en bandoulière, elle travaille déjà sur son deuxième film qui parlera encore du Kosovo, et de jeunesse. “J’ai envie de continuer à faire les films que je veux, de faire rêver, de dénoncer… Dans le contexte actuel, je ressens un sentiment d’urgence à faire du cinéma, à m’immerger dans des univers et raconter des histoires.”

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