Jusqu’à l’âge de 11 ans, Melissa Febos usait de son corps comme d’un tremplin pour explorer le monde, la forêt de pins et le lac qui jouxtaient sa maison. Ses mains démesurées agrippaient fruits etprennent une tournure brutale, distincte des bouleversements physiologiques vécus par tout être qui grandit. « Fille » étant le reflet renvoyé par chacune de ses confrontations aux autres, elle devient un corps entièrement sexualisé. Sa manière de s’appréhender est dès lors construite d’après eux, imposée, intériorisée, même après quelques expériences qui enseignent à quel point son propre désir est nié, écrasé, enterré par celui des hommes. Jusqu’à cette interrogation, salvatrice, à l’origine de l’ouvrage: Investissant le souvenir avec précision, entre impressions sensorielles et distanciation critique, se veut d’abord une forme de retour sur soi, une analyse psychologique progressivement lumineuse, écrite dans une langue aussi précise que poétique. Revenant sur ses relations – le lien à la mère en particulier, fondateur, émouvant –, son expérience de travailleuse du sexe, ses errances qui la conduisent de l’autre côté de l’Atlantique…, l’autrice montre à quel point identifier et réaliser ses propre envies est une tâche ardue lorsque l’on a toujours vécu sans envisager de dire « non ».
Panser son corps
May 02, 2022
1 minute
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