Festivals de musique classique, un équilibre délicat
selon les estimations des chercheurs Aurélien Djakouane et Emmanuel Négrier, auteurs de (éd. Presses de Sciences Po, 2021), la France compte près de 1 300 festivals de musique classique. Pas un village ou presque qui ne possède sa propre manifestation, se déroulant bien souvent pendant la période estivale (62 % des festivals de musique classique sont programmés l’été). Chaque événement a sa spécialité: l’opéra à Aix-en-Provence ou à Orange, le piano à La Roque-d’Anthéron, la musique ancienne à Ambronay... souligne Vincent Morel, directeur artistique de Bach en Combrailles et Musiques vivantes. Même si les aides gouvernementales leur ont permis pour la plupart de ne pas mettre la clé sous la porte, la crise décembre dernier, la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, a annoncé une enveloppe supplémentaire de 10 millions d’euros pour le financement des festivals. Pour autant, n’oublions pas que les bailleurs de fonds restent avant tout les collectivités territoriales: la commune, le département et la région. Les subventions correspondent en moyenne à 44 % des recettes. Le mécénat, lui, se révèle inégalitaire: il vient principalement aider les événements les plus prestigieux, ceux susceptibles d’attirer les grandes entreprises, comme le Festival d’Aix-en-Provence. rappelle François Vienne, directeur général adjoint de l’événement. En revanche, il ne concerne pas, ou très faiblement, l’immense majorité des manifestations. La loi Aillagon reste pourtant l’une des plus avantageuses d’Europe: la déduction fiscale atteint 60 % du montant du don (40 % pour les aides de plus de 2 millions d’euros). Mais la France reste culturellement loin du modèle anglo-saxon, qui se base principalement sur l’argent privé et les ressources propres. Et l’avenir risque de compliquer encore plus la donne: les premières tendances révélées par l’Admical, l’association du mécénat d’entreprise, montrent que les entreprises flèchent de plus en plus leurs soutiens vers le social ou l’humanitaire, encore plus depuis la crise sanitaire.
