The Good Life

Une nuit vers Vienne

un train de nuit d’un train de jour ? À la lumière un peu floutée sur le quai lorsqu’on embarque, peut-être. Ou bien aux épais rideaux gris qui occultent les fenêtres, enveloppant le convoi d’une aura de mystère. 19 h 57, gare de l’Est. Un peu caché, le Nightjet bleu marine de la société de chemins de fer autrichienne OBB semble déjà endormi. Les portiques électroniques sont désactivés et les voyageurs entrent librement sur le quai. Ici, on fonctionne comme à l’époque, presque oubliée, des billets imprimés sur papier, avec un agent en uniforme qui vous accueille au pied de la voiture. L’hôtesse porte un képi et une veste à galons. À l’heure de la transformation du compartiment pour la nuit, elle bascule la banquette et borde la couette. Vous voici maintenant dans une chambre. À droite de la fenêtre, un placard d’angle cache un minilavabo, une microserviette et des rangements. Sur une mince console, un sac un mousseux autrichien, glacé. « Champagne » ! Pas de voiture-restaurant, hélas. Le Nightjet, ce n’est pas le ni I’ Ce ne sont pas les mêmes prix non plus. À la place des tables nappées de blanc, le menu de snacks servis: salade de cervelas, saucisse de Francfort ou dessert autrichien, vous voilà déjà dans l’ambiance. Le compartiment en contreplaqué de bois grince un peu, les bogies passent les aiguillages... Vous sentez le train manger les kilomètres. Quelques détails obligent à réveiller le « McGyver » qui est en vous. Pour l’avoir expérimenté: les chaussons calés entre les rails du store coulissant l’empêchent de remonter à tout bout de champ, une écharpe coincée entre les portes du placard permet de ne pas avoir la veilleuse dans l’œil toute la nuit. Il suffit d’éteindre le plafonnier et d’allumer les veilleuses de lecture pour obtenir une lumière tamisée tout à fait cocoon. Pas vraiment un palace roulant, mais un confort suffisant pour s’endormir en se laissant bercer doucement. Strasbourg, Karlsruhe, Munich... Les gares vides se succèdent, l’Europe centrale se dessine. Bien mieux que l’avion pour prendre conscience des distances que le ciel efface. D’autant que le wi-fi n’est pas de mise. Un bon bouquin lu à la lumière de la veilleuse... À 7 h du matin, la gare de Salzbourg annonce l’arrivée en Autriche. Ce n’est pas tous les jours que vous avez le privilège d’être au lit avec les lacs et les sommets des Alpes qui défilent. L’hôtesse vient ranger le lit et restituer votre banquette, le petit déjeuner arrive. Le temps de le déguster, voilà Vienne. En face de la gare, un vrai café viennois, premier d’une série de haltes. Le quai tangue un peu et va tanguer toute la journée, comme si vous descendiez de bateau. Quatorze heures de gare à gare. Il n’y a plus qu’à plonger dans la capitale autrichienne.

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