L’épopée des Paimpolaises

Une vieille chanson raconte que les marins bretons aiment Paimpol et sa falaise. L’auteur de ces paroles avait sans doute bu un peu trop de cidre, car il n’y a aucune falaise à Paimpol. En revanche, il avait raison sur un point : on y trouve bien des Paimpolaises.

Trois d’entre elles avaient pour habitude de se retrouver chaque mercredi, pour prendre le thé et jouer au Scrabble. Elles s’appelaient Josy, Babette et Martine.

En ce doux mois de mai, le soleil brillait sur Paimpol et sa baie. Les trois amies s’étaient installées sur la terrasse de Martine pour contempler les bateaux et le vol des goélands. Sur la table, le plateau de jeu trônait à côté de la théière.

Martine adorait ces après-midi en compagnie de ses plus vieilles copines, mais aujourd’hui, elle n’avait pas le cœur à s’amuser.

– Bon, tu joues ? demanda Josy.

Martine posa ses lettres. Babette enfila ses petites lunettes rondes et lut :

– « Tragédie ».

– Encore un scrabble ! s’écria Josy.

– Tout à l’heure tu as joué « drame » et « crise ». Est-ce que tout va bien, Martine ?

Josy reposa sa tasse de thé en grimaçant.

– Et ce thé a infusé au moins une heure, tu ne vas pas nous dire que tu n’es pas préoccupée !

Martine hésita à répondre et laissa son regard errer sur les cheveux rouges de Josy. Depuis que sa vieille amie était en retraite, elle s’amusait à changer de couleur tous les mois.

Puis elle se tourna vers Babette qui lui sourit d’un air bienveillant. Ancienne prof de yoga, Babette était très portée sur la psychologie, le pouvoir des pierres et les huiles essentielles.

– Si tu as du mal à dormir, Martine, il me reste de la valériane.

Martine fit non de la tête. Puisque ses vieilles amies s’inquiétaient pour elle, autant tout leur raconter.

– Les filles, commença-t-elle, j’ai un secret.

– Super, dit Josy en grignotant un gâteau sec, j’adore les secrets.

– J’ai épousé Claude