Nassim Nicholas Taleb: « Il faut humilier Poutine »
On connaît Nassim Nicholas Taleb pour son passionnant Cygne noir (Les Belles Lettres), une analyse sans concession de l’incapacité des institutions modernes, à commencer par la finance, à se prémunir des risques rares mais extrêmes. Statisticien spécialiste de la stabilité des systèmes, l’ancien trader libano-américain devenu chercheur a plus récemment appliqué son expertise aux risques de conflits internationaux et à la distribution statistique des épidémies – il fut l’un des premiers, via une publication scientifique début 2020, à alerter l’opinion sur la dangerosité du Covid-19. A priori éloignées de sa spécialité, la politique et les relations internationales ont elles aussi attiré son attention puisqu’elles supposent des interactions systémiques, ce qui l’a d’ailleurs amené à conseiller le gouvernement américain. Opposant deux visions du monde antagonistes, le conflit ukrainien ne pouvait que susciter son intérêt. L’auteur d’Antifragile fut d’ailleurs l’invité du couple Zelensky l’été dernier lors des célébrations de l’indépendance de l’Ukraine, un pays qu’il a souvent visité – au même titre que la Russie. Lui qui ne s’exprime plus, outre ses livres, que via Twitter nous a accordé un entretien exceptionnel.
Qu’est-ce que le statisticien que vous êtes peut nous apprendre sur le conflit en cours?
Ce conflit exprime une confusion néfaste, chez les Russes et leurs soutiens, entre l’Etat comme nation au sens ethnique et l’Etat comme Administration. Un Etat qui veut
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