Une ligne de bus pour sauver des vies
Envoyé spécial Dnipro, Severodonetsk (Ukraine)
En Ukraine, les nouveaux héros nés de la guerre ne ressemblent pas tous à Volodymyr Zelensky. Malgré leur quarantaine en commun, Anton serait même l’exact opposé de son président. Au charisme étudié de l’un, l’autre oppose une allure passe-muraille, avec ses godillots de cuir noir, son pull côtelé, de fins cheveux bruns plaqués vers l’avant. Quand le chef de l’État multiplie les discours passionnés, Anton voit ses joues couperosées s’empourprer un peu plus quand il doit prendre la parole. Mais ça n’arrive pas souvent. Anton n’aime pas gaspiller sa salive. Encore moins quand il prend sa pause, là, sur le parking d’une station-service perdue au milieu de nulle part, quatre heures après être parti de Dnipro, la grande ville du centre du pays.
De ses voyages dont chacun pourrait être le dernier, il dit seulementPuis propose un peu de cette salade aux œufs que sa femme lui a préparée. Avale une dernière rasade de Jägermeister. ordonne-t-il. Quelques heures de mauvais sommeil allongé dans ce bus aux sièges râpés et il lui faudra reprendre le volant. Aller chercher ces gens, là-bas, dans l’Est, dans ce Donbass dont les Russes font désormais leur nouvelle priorité. En espérant qu’à Severodonetsk, la ville terminus aujourd’hui assiégée, les bombardements se calment le temps de son passage.
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