« Contrairement au design, Milan n’a jamais valorisé l’histoire de la mode. Je rêve d’ouvrir un musée qui lui serait consacré. »
Carla Sozzani, galeriste et fondatrice du concept-store 10 Corso Como.
Elle n’a ni le charme de Florence ni le romantisme de Venise, encore moins l’éternité de Rome. Milan la sobre sait se montrer froide et hautaine, en écho aux sommets blancs des Alpes qui la regardent. Elle sait aussi se faire lumineuse et soyeuse, comme les grands lacs avoisinants. On la dit tout entière dévolue aux affaires. Mais l’industrielle a de l’allure et cultive une élégance discrète, mesurable aux chaussures, cirées, briquées et astiquées de près, de ses habitants. Qu’on se le dise: les souliers milanais ne tolèrent aucun faux pas, généralement assortis à une tenue impeccable. Le style les mène par le bout du nez dans une démarche pressée et décidée. L’es presso ou le macchiato du matin? Au comptoir ! E subito ! Le rythme se calmera plus tard, à l’heure sacrée de l’indétrônable aperitivo.
L’élégance s’érige ici comme un art de vivre et culmine dans le fameux Quadrilatero d’Oro, surnommé aussi Quadrilatero della Moda, où se concentre une myriade d’enseignes exclusives. L’an dernier, une curiosité s’est glissée sur la Via Sant’Andrea. Motifs à l’esprit vintage, dessins à géométries variables (inspirés, parfois, des églises italiennes du XVe siècle) et tons vitaminés… Soit La DoubleJ., la marque fondée par J.J. Martin, devenue directrice artistique, qui croit au pouvoir énergisant des couleurs. Ses collections pour femmes respirent la bonne humeur et sont taillées dans de belles matières. « Les Milanais confie cette Américaine, ex-journaliste de mode. poursuit-elle. Avant de créer sa griffe, J.J. Martin vendait en ligne sa collection de pièces vintage, aidée par des têtes créatives bien connues jouant les mannequins. Elles partageaient aussi leurs adresses locales préférées. Une façon d’entrer dans leur univers. reconnaît-elle.