L’arbre de vie

Le retour de Jeanne à Paris n’avait pas été de tout repos. Elle avait dû s’adapter à la rigueur de l’hiver après des années passées sous les Tropiques. Sa première tâche, après avoir vidé ses valises, avait été de s’acheter des vêtements appropriés à la saison. Toujours vive et alerte, elle avait redécouvert avec plaisir les rayons des grands magasins qui offraient un choix auquel elle n’était plus accoutumée.

– Lorsque j’ai quitté Lubumbashi, c’était la saison des pluies! précisa-t-elle avec malice à la vendeuse qui l’orienta vers le stand des imperméables. Il me faudrait plutôt un manteau ! ajouta-t-elle en lui expliquant qu’elle avait côtoyé les vingt-cinq degrés de température, voire plus, au cours des trente dernières années. Les pointes de chaleur, elle connaissait.

Redoutant d’attraper froid, elle remonta d’un bon pas les ruelles pavées du quartier où elle avait élu domicile à Paris. Elle s’imprégnait de la tranquillité qui régnait dans ces rues de la Butte-aux-Cailles qui évoquaient un village de province. Elle était tombée sous le charme d’une maisonnette au toit pointu de la rue Daviel, où les terrasses, les arbres et les pelouses formaient un îlot de verdure rafraîchissant. Ce lieu du treizième arrondissement de Paris lui avait paru adéquat pour renouer avec une vie citadine paisible.

Tout au long de ces années passées dans la République démocratique du Congo, elle s’était habituée à la nonchalance des ados qui suivaient son cours de français au lycée Blaise Pascal de Lubumbashi. Depuis qu’elle avait été diplômée, l’enseignante avait choisi d’exercer son métier à l’étranger. Après plusieurs contrats effectués dans différents établissements scolaires en Asie, elle avait opté pour un lycée d’Afrique centrale de moins de cinq cents élèves, niché dans un parc de plusieurs hectares aux portes d’un parcours de golf. Située au sud de la RDC, dans la province du Haut-Katanga, la ville bruissait d’activités et attirait les sociétés à capitaux français.

C’est dans ce