Aux frontières du design
Àl’heure où les frontières se ferment, l’éditeur Trame, nouveau venu sur la scène design, propose une ode à l’ouverture, au voyage, à l’échange entre les cultures et au dialogue fécond avec raconte Ismail Tazi, lui-même produit de cette histoire puisque de nationalité franco-marocaine. Trame, qu’il a fondé sous la direction artistique de la Milanaise Valentina Ciuffi(de Studio Vedèt), a invité dans un premier temps des designers aussi pointues que Julie Richoz ou Maria Jeglinska à dessiner une ligne d’arts de la table et de tapis avec des artisans de la région de Meknès. Le résultat est subtil, décalé et déjà visible en boutiques, notamment au Bon Marché, où est exposée une large partie de la collection. Pour le deuxième temps de cette aventure, Valentina et Ismail ont convié le plasticien Giovanni De Francesco, les Grecs d’Objects of Common Interest ainsi que Sophie Dries, l’architecte et designer belge qui monte. Tous ensemble, ils ont embarqué (au propre comme au figuré) pour un voyage en Calabre, sillonné cette région du sud de l’Italie, pétrie de contes et de légendes antiques et, surtout, creuset de cultures africaines, maghrébines, byzantines, grecques et siciliennes et collaboré avec des artisans locaux. Notamment des céramistes de petits villages qui ont modelé pour les designers des masques étranges, parfois grotesques, nés de leur propre histoire. Sophie Dries a également dessiné une collection de bougeoirs inspirée des bracelets que portaient les villageois pendant les fêtes ainsi que des coussins confectionnés par des tisserands du village de Longobucco et qui allient une trame désuète à un jeu de couleurs vives déstructurées. Un travail collaboratif de longue haleine qui entend recréer du lien et surtout proposer un artisanat 2.0 dans les intérieurs, dans le sillage de ce que font LRNCE, à Marrakech, ou le studio Datcha à Paris…
