Diapason

Richard Strauss de A à Z

Allemagne

A Né à Munich, enraciné dans cette Bavière alpine à Garmisch, attaché à des théâtres allemands de tailles diverses, impliqué entièrement dans la vie musicale et lyrique de Berlin pendant tant d’années, pétri d’une littérature allemande dont lui venaient tous ses modèles et tous ses maîtres, considéré avec bienveillance par Brahms, lui-même ancré dans l’immémorial de la tradition germanique, adoubé par Hans von Bülow, tenant par Liszt aux racines de la Mitteleuropa: Richard Strauss, si l’on ajoute son ascendance de brasseurs bavarois, put assez légitimement se considérer comme un fils de la grande culture allemande et s’estimer chargé à la fois de la revivifier et de la perpétuer, non sans y ajouter la part autrichienne qui s’y trouvait liée. C’est le sens qu’il donna à sa vie de compositeur et de chef. Il est assez cruel qu’il ait pu à ce titre (quoique pour une part limitée) contribuer à faire croître le monstre qui allait précisément engloutir tout ce à quoi il s’était voué. Les compromissions, les repentirs, la chute finale, le désespoir à peine consolé par une forme de fatalisme sage: Strauss incarne l’histoire de l’Allemagne, sa grandeur, ses errances, ses aveuglements, ses fautes, ses idéaux comme aucun autre artiste allemand. En son oeuvre, il aura mis le meilleur, le plus vivant, le plus profond de cette culture, dans la certitude absolue qu’elle avait tant à nous dire. A l’heure où l’Allemagne ne sait pas toujours très bien où elle en est avec elle-même, c’est chez Strauss (notamment) que l’on peut puiser le message universel de la culture allemande.

Brahms

Brahmsschwärmerei »: telle fut la passion qui affecta le jeune Strauss. « Dingue de Brahms », pourrait-on dire. C’est qu’en un temps bouleversé par la si nouvelle poétique wagnérienne, Brahms offrit à son cadet en plein apprentissage la rassurante permanence des formes anciennes. Il alimenta son goût pour la tradition et les gabarits connus, que son éducation lui avait appris à respecter. Début 1884, Strauss put entendre plusieurs fois la Symphonie no 3 de son aîné. Après avoir émis quelques réserves, il déclara qu’il s’agissait de la plus belle symphonie de Brahms, mais également de « la plus importante jamais écrite ». De là des compositions nettement démarquées de l’art brahmsien, notamment la Burleske pour piano et orchestre. Brahms lui-même prit connaissance des oeuvres du jeune Strauss; il lui conseilla de renoncer aux « amusements thématiques ». La gratitude de Strauss ne fut pas durable. Lorsqu’il fit ses adieux le 2 avril 1886 à l’Orchestre de la Cour de Meiningen (dont il avait pris la tête suite à la démission de von Bülow), Strauss fit diriger à Brahms ses Variations Haydn et sa Symphonie no 4. Lui-même dirigea… le Prélude de Tristan et la Liebestod, se rangeant sous la bannière d’une modernité dont Brahms n’embrassait pas la cause. Strauss était devenu « dingue de Wagner ».

Conversation

C On ne joue pas très souvent Intermezzo. C’est dans la préface écrite pour cet opéra domestique que Strauss exprime le plus vivement le coeur d’une de ses préoccupations: trouver la juste formule de la conversation en musique. Timbres, équilibres sonores, prosodie, nature des voix: tout doit s’ordonner en une alchimie des plus subtiles pour faire émerger ce qui n’est ni le Sprechgesang ni le belcanto, mais une sorte de récitation musicale dont il fit son idéal, et dont nous n’avons pas fini d’épuiser les sortilèges.

Disques

D N’y croyant d’abord guère, Strauss se plia aux enregistrements sur rouleau dès 1905 () puis enregistra pour Deutsche Grammophon dès 1916 et pour Columbia, , symphonies et de l’Ouverture de nous mènent plus loin encore dans l’intimité que Strauss entretenait avec Mozart – et c’est une inépuisable jouvence.

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