COURANTS LIBRES
En intitulant sa nouvelle exposition « Abysses », Jérôme Maillet aborde l’impossibilité de penser les limites de l’océan. Une masse immense, vivante et mouvante, qui modèle les choses entrant en contact avec elle,commente l’artiste, sérigraphe et muraliste à ses heures au grand air, sous la signature Jeronimo. Pour ce diplômé de l’École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art (Ensaama/Olivier de Serres), passé ensuite par l’École d’architecture de Nantes, cadrer la relation de l’homme à son territoire est devenu un penchant naturel, affûté par son trait de dessin. Sa virtuosité au stylo, graphite ou encore encre de chine n’ancre pas moins ses paysages mobiles et immobiles, quitte à ce que les angles s’arrondissent. Effet du ressac, qui lentement sculpte et émousse, comme sur la côte de Strandir. Sur cette plage de trente kilomètres dans le nord de l’Islande, de grands troncs échouent leur blancheur dépolie après avoir dérivé de Russie au gré du Gulf Stream. Comme une aura fantomatique retrouvée, Jérôme Maillet restitue l’enveloppe disparue d’une branche, d’un galet. C’est depuis son village nantais qu’il observe, chaque hiver, les fluctuations aquatiques, troublant la profondeur de champ et la ligne d’horizon. Aux deux extrêmes, mer et montagne sont dépeintes par des lavis fluides, mis en pause par une cime ou un détail végétal. Une série fait par ailleurs émerger une douceur antique, souvenir d’enfant accroché par les reportages de plongée archéologique. Au sol, 50 petits formats tentent de convoquer la mer, mouvement artistique qui surfe sur le mythe de Sisyphe. sourit Jérôme Maillet, aussi flou que lucide.
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits