Rock and Folk

Sans Roger Waters

Pink Floyd

“A Momentary Lapse Of Reason/Remixed & Updated”

Warner

Une précision, d’emblée: ici, c’est de la réédition mini-coffret du premier album de Pink Floyd sans Roger Waters dont il est question. Car c’est elle qui propose du matériel bonus à visionner. Et, soyons honnêtes, pas énormément. Mais tout de même. Ce disque, dénigré à sa sortie et jamais totalement réhabilité depuis, vaut évidemment bien mieux que ce qu’on en a écrit entre sa parution et sa réédition majeure de 2019, dans le coffret rétrospectif “The Later Years”. On se souvient que, désireux de faire sonner (son terme pour en parler à ce journal en 2000) que David Gilmour est parvenu à maintenir un semblant de cap qui mènera les trois rescapés à “The Division Bell”, le dernier album du groupe paru de leur vivant. C’est bien sûr ce challenge (illustrer une oeuvre musicale sans concept, créée en pleine discorde) qu’évoque d’entrée de jeu Storm Thorgerson (un des membres fondateurs du mythique collectif de design Hipgnosis atomisé au début des années quatre-vingt), l’ami d’enfance du guitariste qui concevra l’essentiel des visuels du Floyd. Aubrey Powell, l’autre cofondateur de Hipgnosis, prendra ensuite le relais. Pour “A Momentary Lapse Of Reason”, Thorgerson — en froid avec Waters, il n’avait pas été sollicité par le groupe depuis “Animals” en 1977 — va rebondir sur un vers de la chanson “Yet Another Movie” et concevoir une pochette basée sur une rivière de lits vides disposés sur une plage anglaise. Curieusement, dans ce très bref documentaire, David Gilmour et son designer ne mentionnent pas que cette même plage (Sauton Sands, au nord du Devon) avait servi de décor dans le film “The Wall”, pour la reconstitution de la bataille d’Anzio, un épisode clé (et italien) de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Réputé pour ne pas avoir sa langue dans poche, Storm, qui détestait les maisons de disques, rappelle que réaliser le fameux cliché au recto de la pochette originale a coûté un prix exorbitant (entre sept cents et huit cents lits métalliques ont été trimballés sur la plage), surtout parce que, la pluie ayant gâché la première séance photo, il fallut la reprogrammer un jour où le soleil anglais daigna pointer le bout de quelques rayons. Le DVD du coffret permet aussi de revoir le clip de “Learning To Fly”, premier single extrait de l’album, ainsi que trois des films projetés en fond de scène pendant la tournée. Enfin, c’est également sur ce support que se trouve la version 5.1, très impressionnante, de l’album remixé et updaté. Et aussi relooké: à l’intérieur du riche livret, preuve que le révisionnisme a parfois du bon, Rick Wright est de nouveau présent sur les photos du groupe.

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