Flagrants délires
La transgression n’est jamais aussi jouissive qu’accomplie dans les grandes largeurs. Or deux équipes d’ingénieurs, œuvrant respectivement pour BMW M et Alfa Romeo, ont visiblement pris un malin plaisir en préméditant leur forfait. La firme bavaroise en est rendue à un tel niveau de surenchère avec sa M5 que le point de non-retour semble définitivement franchi. Pour célébrer l’apparition de l’exclusif label CS sur sa mythique sportive, une première en bientôt quarante ans de carrière, l’hélice greffe encore 10 ch aux 625 déjà présents sous le capot de la version Competition. Et surtout se livre à une telle débauche de carbone pour la carrosserie, de céramique pour les freins ou encore d’aluminium forgé pour les jantes que le tarif tutoie ici les 200 000 €. Avant, bien sûr, l’ajout de quelques options. Ça commence à faire beaucoup pour ce qui reste, à la louche, à 80 % une Série 5.
Non que la Giulia Quadrifoglio GTAm que nous lui opposons soit la raison incarnée; d’une catégorie inférieure mais d’une folie des grandeurs comparable, elle s’affiche à 176 s’est mis dans l’idée de « supercariser » sa Giulia en lui offrant notamment un stage d’aérodynamique chez Sauber, son bras armé en F1. Le résultat se passe de commentaires. Certains en resteront consternés. Pour ma part, cette esthétique provocante m’évoque avec nostalgie une 155 DTM des années 1990. Le délire se poursuit en montant à bord. Ou plutôt en descendant au creux de l’un des deux minces baquets en carbone, transpercés par des harnais siglés Sabelt. Au premier coup d’œil dans le rétroviseur central, le regard se heurte à l’aile d’avion réglable qui surmonte la malle, mais, avant tout, à l’arceaucage ayant eu raison de la banquette arrière. Ça va être sport!
