Alta Rocca, Corse COUVENT RESSUSCITÉ
La nature a investi le couvent. Elle en est devenue structurelle, armature et armure, ronces et amas de terre se substituant aux joints, un figuier embrassant la façade. Amelia Tavella s’attelle à sauvegarder cette ruine, somptueuse sur son promontoire, au cœur de l’Alta Rocca. , tient-elle à rappeler. Rejointoiement de toute laHabité de combats et de prières, ce lieu, bordé d’une oliveraie à ses pieds, son dos appuyé au cimetière, s’inscrivant en miroir de l’église toujours active, semble veiller sur le village en contrebas. Comment l’architecte peut-elle lui redonner de sa puissance sans altérer son entrelacement à la nature? Qu’imaginer à la place de la partie écroulée, amputant le bâtiment de sa moitié? Elle ne conçoit pas reconstruire sur les traces du passé, à l’identique, mais de venir . Elle dessine un double au bâti originel de granit, érodé, patiné par le temps, dans une vision futuriste, tout aussi tellurique. À la pierre grise répond le cuivre, matériau faisant partie de sa «trinité glorieuse», avec le bois. Vue de l’intérieur, cette peau métallique évoque les moucharabiehs, laissant passer la lumière par ses différentes porosités, une réinterprétation des vitraux des monuments sacrés. L’édifice est prêt à vivre sa seconde vie, en tant que maison du territoire de l’Alta Rocca, qui ouvrira au printemps 2022. L’architecte peut maintenant s’adonner à de nouveaux défis: le Conservatoire d’Ajaccio aux côtés de Rudy Riccioti, auteur du Mucem à Marseille, avec qui elle partage une conception méditerranéenne de l’architecture; la Citadelle d’Ajaccio qu’elle fait revivre, l’envisageant comme un véritable quartier piétonnier, remettant au goût du jour la Spassighjatta, «l’art de socialiser en marchant » ; ou encore un autre couvent, celui de Saint-François de Bonifacio…
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