Les lignes de vie des Ateliers Henry Dougier
il faut suivre des lignes discrètes, des diagonales cachées, des tangentes. Rien d’étonnant à ce qu’il ait choisi d’emprunter la rue du Pré-aux-Clercs, sorte de couloir dérobé du 7 arrondissement de Paris, pour ouvrir le nouveau chapitre d’une vie déjà riche en inventions. Assis près d’une petite table basse, un bloc-notes sur ses genoux serrés, cet homme de 85 ans aux régiment de cavalerie dans les Aurès, comme officier ; une expérience qui le marquera à vie. Ce n’est que quatre ans plus tard, de retour en France, qu’il obtiendra son diplôme. En 1963, il est engagé par le groupe pétrolier Shell, mais devine qu’il ne supportera pas longtemps les contraintes managériales imposées par son statut de cadre. Arrive Mai 68. Le monde commence à regarder (un peu) vers sa gauche. Cela tombe à pic, Dougier s’intéresse à l’économie sociale et ne manque pas d’idées pour renouveler les habitudes d’un monde économique français très à l’ancienne. Il entre alors au groupe L’Expansion tout juste fondé par Jean-Louis Servan-Schreiber, avec qui il va créer le magazine Puis, dans le prolongement de ses interventions sur le terrain, il imagine la revue en 1975, premier atome de ce génial laboratoire que deviendront les éditions Autrement, lancées en 1983. Y paraîtront une trentaine de collections consacrées au monde contemporain, à l’art, à l’histoire, ainsi que les romans à succès de Margaret Atwood, de Kathrine Kressmann Taylor ou encore de Gaëlle Josse. L’aventure durera presque trente ans, jusqu’en 2011, date à laquelle les éditions Flammarion feront entrer Autrement dans leur
