The Good Life

MAGLEV À 600 KM/H: TOUJOURS PLUS VITE

Vrai projet commercial ou folie des grandeurs ? Mi-juillet, China Railway Rolling Stock Corporation (CRRC), le géant chinois de la construction de trains, a révélé au public son premier Maglev capable d’atteindre 600 km/h. Plus rapide, moins émetteur de CO2, nécessitant moins d’entretien : sur le papier, le Maglev (pour a de quoi séduire. Grâce à un puissant champ magnétique, le train flotte sur un rail unique, sans contact, réduisant ainsi la friction et permettant d’atteindre ces vitesses impressionnantes. Ne reste que la résistance de l’air, très importante à cette vitesse : le dernier-né de CRRC a été profilé avec un long museau tout en courbes, et un bas de caisse enveloppant le rail, pour éviter là aussi les prises d’air. Mais au-delà de ce prototype, quel usage commercial pour ce bijou de technologie ? La Chine affiche des ambitions élevées : trois provinces ont prévu des lignes pour relier d’importantes métropoles. En 2020, le gouvernement du Zhejiang a annoncé une enveloppe de 100 Mds CNY (13 Mds €) pour construite une ligne de 162 km entre Shanghai et Hangzhou, la capitale du Zhejiang, qui accueille des entreprises du web comme Alibaba. Le trajet pourrait être effectué en 15 minutes grâce au Maglev, contre 45 minutes avec le TGV actuellement. Dans le Guangdong, province qui fait face à Hong Kong, une ligne de 110 km pourrait relier Canton à Shenzhen d’ici à 2030 et, dans le Sud-Ouest, un dernier projet pourrait connecter la municipalité autonome de Chongqing à Chengdu, 350 km plus loin. À ce stade, toutefois, rien n’indique que la construction des lignes a commencé. Si ces projets ont leurs défenseurs en Chine, plusieurs questions se posent quant à leur faisabilité. Ailleurs dans le monde, le Maglev n’a jamais fait la preuve de sa validité commerciale : les Allemands, pionniers, ont abandonné, les Japonais poursuivent l’aventure, mais à ce stade, les seules lignes existantes dans le monde sont des prototypes, ou des vitrines. Le premier projet de ligne Shanghai – Hangzhou date de la fin des années 90 : il aurait dû constituer une extension du Maglev qui relie l’aéroport à la ville de Shanghai. Mais le projet a été abandonné. Au final, la ligne existante à Shanghai ne fait que 30 km, elle ne va même pas jusqu’au centre-ville, et ne permet qu’un gain de temps de 20 minutes par rapport à une ligne de métro. Avec un coût de 40 CNY (5 €) par trajet, soit dix fois plus qu’un ticket de métro pour l’aéroport, elle est peu empruntée, roulant en moyenne à 20 % de sa capacité. Le train, construit par les allemands Siemens et Thyssenkrup au début des années 2000, n’atteint d’ailleurs sa vitesse maximale de 431 km/h qu’aux heures de pointe, roulant à 350 km/h le reste du temps. Il a toujours été largement déficitaire, mais était vu à l’époque comme une vitrine technologique pour les constructeurs allemands et pour la Chine. Aujourd’hui, la Chine construit ses propres engins, mais l’argument commercial des Maglev ultrarapides reste encore à prouver.

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