Aude, comment t’es venue l’idée de ce film consacré à Chantal et au post-partum ?
Aude : L’idée est née de ma rencontre avec Chantal. À l’époque, j’étais journaliste pour « La Maison des Maternelles » et je l’ai contactée afin de l’inviter à l’émission. Très vite, j’ai compris qu’elle avait la trempe d’une révolutionnaire, et des idées d’une clarté et d’une intelligence rares. Cela a été un coup de foudre. Il s’avère que ses mots ont particulièrement retenti dans ma vie, puisque j’avais eu un post-partum très compliqué pour ma fille Lou qui a aujourd’hui 14 ans. Elle a failli mourir à la naissance. Heureusement, l’issue a été heureuse, mais j’ai réalisé à ce moment-là, à l’âge de 26 ans, qu’on n’accompagnait absolument pas les femmes en post-partum. Je suis rentrée à la maison avec ce grand traumatisme d’avoir failli perdre ma fille, et je me suis retrouvée complètement seule. Je me suis dit : pourquoi ne parle-t-on jamais de ce moment de la vie extrêmement difficile ? On nous harcèle de rendez-vous médicaux et d’injonctions pendant la grossesse et, à partir du moment où l’enfant est né, le soutien est inexistant. Ma colère et ces questions sont restées enfouies en moi. Chantal a été un déclencheur. Enfin une personne mettait des mots très clairs sur mon ressenti. J’ai donc décidé de l’accompagner pour faire des repérages et vérifier mon pressentiment qu’il y avait un vrai sujet à traiter.