LE VIRTUOSE
“ATTENDEZ, J’ESSAIE MES LUNETTES pour savoir si je vous verrai mieux avec… C’est pas sûr, en fait. Je suis myope comme une taupe.” Est-ce à cause de sa vue que Jacques Audiard semble regarder partout, tout le temps? Dans ce salon de thé parisien, les pupilles du cinéaste frémissent au moindre son, à chaque question, à l’évocation de ses souvenirs. Comme ses films, il est à la fois fébrile et précis, distant et – on osera ici employer ce terme, tant il lui donne du sens – humain. Et, s’il sera ravi d’être libéré de notre longue discussion pour sortir fumer deux cigarettes d’affilée, jamais il ne jette un coup d’oeil à sa montre.
On sort tout juste d’une projection des , son septième long-métrage. Une cartographie non seulement du 13e arrondissement de Paris, mais aussi de la vie sexuelle de ses personnages. Beaucoup de dialogues: coécrit avec Céline Sciamma et Léa Mysius, le scénario Frères Sisters” D’où un noir et blanc classieux et alléchant à la fois, qui incarne la question traitée en filigrane tout au long des : “ Les bonnes fées des ? Les fascinantes héroïnes de Wong Kar-wai et d’Éric Rohmer, ce quatrième volet des “Contes moraux”, où l’on voit Jean-Louis Trintignant converser avec Françoise Fabian et Marie-Christine Barrault. Adolescent, Audiard en a été profondément bouleversé, au point d’y retourner plusieurs fois la même semaine: “ Sur mes lèvres Ma nuit chez Maud Le film de Rohmer l’impressionne tellement qu’il “”.
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