Avec des champs de lavande qui viennent se reposer contre ses murs érigés au Moyen Âge, l’abbaye de Sénanque semble être un lieu hors du temps. Un témoignage précieux et préservé de l’architecture cistercienne. Un joyau posé au fond d’une vallée près de Gordes, mais loin, très loin de l’agitation. Aussi, lorsque fut mis au jour le grave péril qui a menacé l’église abbatiale après plus de huit cent cinquante ans debout, c’est toute une chaîne de solidarité qui s’est activée, dont la mission Stéphane Bern est vite devenue le porte-voix. Comment un bâtiment d’une telle importance a-t-il pu frôler la catastrophe ? Pour comprendre, il faut forcément faire un saut dans le passé, un grand écart entre les années 1970 et le règne de Louis VII.
La menace qui a pesé sur l’église trouve ses causes dans des travaux datant d’une cinquantaine d’années. À sa construction au xii siècle, à partir de 1148, son bas-côté vient s’appuyer sur une butée naturelle du terrain. Les bâtisseurs, la construction de la chapelle des dames est décidée afin que les femmes – interdites d’accès dans l’abbatiale – puissent assister à des messes. Elle sera édifiée du côté est, où la butte est dégagée pour faire de la place à ce nouveau bâtiment. C’est celui-ci qui joue désormais le rôle de contrefort.