Vogue Paris

IRVING PENN, VOGUE À L’ÂME

«RIEN, VOUS DIS-JE, rien que le choc du regard fouillant le visage du modèle»:en 1986, Edmonde Charles-Roux se remémore les premières commandes passées par Vogue Paris à Irving Penn. Avec le recul, tout cela se pare de l’évidence, Irving Penn, Vogue, la grande Edmonde, Paris, la couture, la mode. Dans l’immédiateté d’une Europe sortant de l’horreur absolue et du chaos, le choix semble cependant plus risqué, plus audacieux. C’est quoi le glamour après l’anéantissement de certains fondamentaux de la civilisation? Christian Dior a eu le mot d’ordre salvateur, la beauté, la douceur, que les femmes se sentent belles, pour elles-mêmes d’abord, pour les autres ensuite. Mais écrire sur la mode? Mais illustrer la mode?

Un monde en pleine révolution, où la presse joue le premier rôle, comment l’oublier en célébrant ici le centenaire parisien d’un magazine unique en son genre? Loin des mises en scène tonitruantes, un brin «pompier», de ces grandes machines qui épatent les lecteurs et les lectrices, Irving Penn prend le, puis Alexander Liberman, le colosse de , deux intelligences vif-argent, deux goûts impeccables sans crainte de la faute de goût, si américains en ce qu’ils sont façonnés par la Vieille Europe dans ce qu’elle a de plus moderne. Fasciné par la poésie et l’assurance de Penn, Liberman l’a en quelque sorte imposé des deux côtés de l’Atlantique. Penn, l’artiste transatlantique par excellence, celui qui est sans conteste le mieux disposé pour allier Paris et New York en une seule photographie. Évidemment, dans le Paris du New Look, il se passionne pour les Trafalgar que laisse triompher Christian Dior avenue Montaigne autant que pour la leçon de sculpture et d’allure de Cristóbal Balenciaga. Plus qu’un modèle ou qu’un mannequin, une femme incarne cet esprit, Lisa Fonssagrives, elle peuple les pages de magazines, de en premier lieu, elle hante son coeur, ils s’épousent en 1950. n monde en pleine révolution, où la presse joue le premier rôle, comment l’oublier en célébrant ici le centenaire parisien d’un magazine unique en son genre? Loin des mises en scène tonitruantes, un brin «pompier», de ces grandes machines qui épatent les lecteurs et les lectrices, Irving Penn prend le contrepied, comme hypersensible à ce que la vie a changé, à ce que l’humanité a le besoin impérieux de redonner place à l’humanisme. Esthétique du studio, de ce grand rideau de scène qu’on lui déniche un beau jour, dans un théâtre abandonné ou de vieilles coulisses, ce morceau de textile qui remet chaque modèle à pied d’égalité, loin du décorum et des décors, de plain-pied dans la vie. Qu’on ne s’y trompe pas, il y a une curiosité immense, un défitotal à lui donner champ libre dans les pages d’un magazine de mode pour montrer d’autres visages, plus inattendus, plus étonnants au fil des numéros. À Paris, Irving Penn épanouit une autre facette de son art photographique, grâce à cette liberté même, lui qui s’est formé dans le compagnonnage new-yorkais de deux monstres sacrés, Alexey Brodovitch, le titan de , puis Alexander Liberman, le colosse de , deux intelligences vif-argent, deux goûts impeccables sans crainte de la faute de goût, si américains en ce qu’ils sont façonnés par la Vieille Europe dans ce qu’elle a de plus moderne. Fasciné par la poésie et l’assurance de Penn, Liberman l’a en quelque sorte imposé des deux côtés de l’Atlantique. Penn, l’artiste transatlantique par excellence, celui qui est sans conteste le mieux disposé pour allier Paris et New York en une seule photographie. Évidemment, dans le Paris du New Look, il se passionne pour les Trafalgar que laisse triompher Christian Dior avenue Montaigne autant que pour la leçon de sculpture et d’allure de Cristóbal Balenciaga. Plus qu’un modèle ou qu’un mannequin, une femme incarne cet esprit, Lisa Fonssagrives, elle peuple les pages de magazines, de en premier lieu, elle hante son coeur, ils s’épousent en 1950.

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