Vogue Paris

L’ENFANT DU SIÈCLE

QUEL PLUS BEAU PALAIS que Galliera pour accueillir l’exposition consacrée aux 100 ans de Vogue Paris? Depuis 2014, le magazine lui permet, via la Vogue Paris Foundation, d’acquérir régulièrement des silhouettes majeures de la mode contemporaine. Entre les jolies courbes claires du musée niché près de la Seine, serti d’un square verdoyant, et les ambitions esthétiques de la plus grande revue de mode française, l’alliance est évidente, le mariage pérenne. Ainsi, l’équipe de Galliera a pu se plonger tête baissée dans les archives de Vogue à New York et à Paris, passant au crible maquettes, clichés, anciennes pages et manuscrits typographiés. Riche de ces documents, dont une grande partie est inédite, l’exposition bénéficie d’une scénographie chronologique et épurée, signée Adrien Rovero.

Elle invite le visiteur dans les coulisses de la production du magazine, de l’écriture du texte à la séance photo ou aux planches d’illustration, l’impression, la diffusion… Dans les diverses étapes: 100 ans de couvertures, une sélection des éditoriaux, micro-manifestes d’ouverture existant depuis 1928, les innovations graphiques, les numéros anniversaire et les portraits des personnalités qui ont marqué le magazine, de Condé Nast à Emmanuelle Alt. Sans oublier la culture, qui nourrit l’air du temps, celui que Vogue n’a jamais cessé d’inspirer – littéralement. C’est avec la chargée de la collection photographique du Palais Galliera, Sylvie Lécailler, que nous remontons le fil du temps de Vogue, suivant le règne de chaque rédacteur et rédactrice en chef depuis 1920.

1920-1938, LE GOÛT DE PARIS

«Le miroir de ce qu’il y a de meilleur et de plus sûr dans n’a cessé de puiser son inspiration», est-il affirmé dès le premier numéro de paru le 15 juin 1920. Quatre ans après la version anglaise, qui a suscité un véritable engouement, de quoi s’essayer à une revue fabriquée à Paris, ville de fantasmes de l’entre-deux-guerres, où tout, ou presque, se passe. Edna Woolman Chase supervise de New York le contenu du magazine, y compris les artistes français qu’elle fait travailler à distance avec plus ou moins d’efficacité (de Benito à Georges Lepape). Il apparaît bien vite qu’il faut des entités humaines sur place. Ce sera d’abord l’homme d’affaires Philippe Ortiz et la journaliste mode Cosette Vogel, puis Carmen Show, et Mainbocher, jusqu’à l’arrivée déterminante de Michel de Brunhoff, en décembre 1929. C’est lui qui va donner le ton du français, par ses qualités journalistiques mais aussi son carnet d’adresses: «Michel de Brunhoff fait un cercle autour de lui et a compris l’importance des relations, commente Sylvie Lécailler, tout en fonctionnant à l’amitié, engageant par exemple Christian Bérard.» Mais New York a toujours son (bon) mot à dire, en témoignent les échanges quasi quotidiens, par notes ou mémos, entre les deux rédactions «qui se nourrissent l’une l’autre». «Les talents sont découverts à Paris, notamment grâce au studio photo, véritable laboratoire d’expérimentations, tel Horst P. Horst qui partira au début de la guerre. Mais les Américains apportent leur expertise sur l’organisation, le traitement de sujets, et prennent toutes les décisions.» doit être un produit de luxe qui annonce ce qu’il faut voir et admirer et, le monde artistique parisien étant tout petit, cela se sait vite. Ainsi, on admire dans l’exposition des clichés de Horst, donc, mais également de Man Ray, Cecil Beaton, Erwin Blumenfeld ou Edward Steichen, présentés tels qu’ils l’avaient été durant le maquettage du magazine. «On notait tout, la date de la prise de vue, le nom du couturier et du modèle, ce qui est très précieux au niveau documentaire. L’écriture manuscrite, les tirages argentiques découpés à la main, un peu maladroitement, collés sur un papier jauni, c’est touchant… et on se sent aussitôt lié à l’histoire du magazine.

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